jeudi 18 mars 2010

LA RAFLE, FILM OU TEMOIGNAGE ?


Depuis quelques années, le cinéma français devient le témoin d'une étrange prise de conscience de l'opinion populaire. Une responsabilité dure à assumer, celle de la participation de notre pays aux atrocités de la seconde guerre mondiale. La Rafle, de la réalisatrice Roselyne Bosch, fait parti de ces films là.

Un peu comme l'avait fait Rachid Bouchareb en 2006 avec son Indigènes, Bosch choisi de nous livrer sa version de l'Histoire, ou plutôt d'une « petite » histoire dans la grande. Là où Bouchareb choisissait de nous montrer l'engagement des populations coloniales sous le drapeau français durant le conflit, La Rafle se penche sur les événements du 16 juillet 1942. Sous des ordres nazis, la police française fait arrêter des milliers de juifs à Paris, et les fait rassembler au Vélodrome d'Hiver avant de les déporter vers les camps de concentration polonais. Sujet à la fois connu et inconnu, mais surtout complexe à traiter d'un point de vue de fiction.

Car même s'il est présenté comme une illustration fidèle des événements de l'époque, La Rafle reste avant tout un film. Naviguant entre les quartiers juifs parisiens et les états majors français et allemands, la réalisatrice tente de faire un tour complet du propos, en nous montrant à toutes les échelles la cruauté, la faiblesse, le courage et la fierté des hommes et des femmes du temps. Le film cherche peut-être même à tout dire à la fois, prenant parfois des airs de reconstitution pédagogique pour la télévision. Cependant, la seconde moitié du film trouve un équilibre plus juste dans la narration, se concentrant d'avantage sur le propos central, ces hommes, ces femmes et ces enfants condamnés par la fureur nazie et la dérangeante collaboration du régime de Vichy.

Bosch choisi de focaliser son récit par plusieurs personnages, des enfants juifs découvrant l'horreur antisémite à l'infirmière dévouée, en passant par les hauts fonctionnaires français qui hantent nos manuels d'Histoire. Les acteurs, Mélanie Laurent et Jean Reno en tête, portent plutôt bien le film, et Gad Elmaleh offre une performance plutôt surprenante pour son premier vrai rôle dramatique. Pourtant, on ne sait plus très bien si la force de La Rafle réside dans son sujet ou dans le film lui-même, comme c'est souvent le cas lorsque l'on traite de cette période encore douloureuse de notre histoire. La fin, peut-être trop romancée, atténue un peu l'ambition de témoignage historique énoncée en début de projection.

Malgré cela, La Rafle reste un film à voir, un regard sur l'Histoire et l'histoire.

jeudi 11 mars 2010

BULLETIN INFO

Après des dizaines de mails de protestation de mes nombreux fans (c'est-à-dire 1), j'ai finalement changé les paramètres du blog afin que vous puissiez laisser vos commentaires sur les articles.

Merci qui ?!

L'INSTANT M

mercredi 10 mars 2010

UNE BIEN TROP LISSE EDUCATION


Une éducation est un de ces films au sujet intriguant, aux noms d'acteurs qui attirent l'attention, et à la promo assez bien rodée pour vous donner envie d'aller y jeter un coup d'oeil.

Sur le papier, en effet, la cinquième réalisation de Lone Scherfig est plus que prometteuse : l'histoire (signé de l'excellent auteur anglais Nick Hornby) est celle de Jenny, jeune anglaise des années 60 promise à un avenir radieux à Oxford qui, au contact d'un homme beaucoup plus agé qu'elle, va remettre tout son avenir en question. Peinture d'une Angleterre en plein changement, le film restitue en effet à la perfection l'ambiance et l'ambition d'une génération qui s'apprête à découvrir la musique des Beatles. Seulement voilà : au delà d'une bonne histoire, Une éducation oscille entre clichés et invraisemblances. Malgré des personnages réussis et de bons dialogues, certains aspects du scénario sont plus que prévisibles, et bien trop lisses face au potentiel du sujet traité (l'happy-end gâchant même en grande partie le film).

La réalisation, quant à elle, n'a rien de très novateur, excepté peut-être le bref séjour des deux amants à Paris, qui offre à la réalisatrice l'occasion de créer une esthétique plus poussée. Quelques plans paraissent même plutôt ingénieux. Mais ce qui fait le réel intérêt du film est sans nul doute ses deux acteurs principaux. A eux deux, ils portent le film, lui donnant peut-être son plus grand intérêt. Peter Sarsgaard est tout simplement remarquable dans la peau d'un faux intellectuel un peu bandit, confirmant son statut d'acteur incontournable du cinéma anglo-saxon. Carey Mulligan réussi à donner à son personnage de jeune femme en quête d'émancipation un relief, et nous offre une interprétation qui mérite amplement sa nomination à l'Oscar de la meilleure actrice.

Malheureusement, au delà des très bonnes performances des deux acteurs principaux, Une éducation reste un film inégal, étrangement trop romancé (alors que tiré des mémoires de Lynn Barber, journaliste du Sunday Times), peut-être trop prometteur et donc, forcément un peu décevant...

jeudi 11 février 2010

JUSQU'A TOI... OU PAS


Cette semaine sort en DVD Jusqu'à toi, comédie romantique française et premier film de Jennifer Devoldere.


La comédie romantique n'est pas à première vue le genre où les réalisateurs français brillent le plus par leur originalité et leur talent. On se retrouve bien souvent face aux même ingrédients plus ou moins bien mélangés : une/un trentenaire avec un super boulot, des amis un peu lourds mais plutôt attachants, une vie sentimentale proche du néant et une légère tendance à la neurasthénie. Bref, on n'innove pas vraiment de ce côté de la Manche, bien loin derrière les productions plutôt réussies de nos voisins anglais. Mais en regardant sa bande d'annonce, le Jusqu'à toi de Jennifer Devoldere semble plein de promesses, surtout celle de dépoussiérer les clichés bien français du genre.

L'histoire elle seule arrive à attirer l'attention : Chloé, 26 ans (et pas 30 !) a peur de tout et rêve à l'homme idéal. Jack, américain, gagne un voyage à Paris. L'une se retrouvant par hasard en possession de la valise de l'autre, un étrange chassé-croisé se met alors en place entre les deux personnages. Le scénario vaut effectivement le détour, mais son développement, un peu moins. Si les angoisses et les rêveries de Chloé (Mélanie Laurent, qui a une fâcheuse tendance à avoir trop de charisme, ou pas assez de jeu, au choix) font sourire, si certains seconds rôles sont franchement drôles (Billy Boyd, qui n'est pas seulement l'un des hobbits du Seigneur des Anneaux, mais aussi un acteur prometteur), certains personnages, comme ceux d'Arié Elmaleh et Géraldine Nakache, mériteraient plus qu'une simple apparition de quelques minutes.

Le scénario se perd quelque fois dans ses envies de paraître décalé ou légèrement absurde (cherchant peut être trop à s'inspirer de la nouvelle école comique américaine), ou n'exploite pas assez une esthétique poétique bien présente. Pourtant, si l'histoire passe par des raccourcis trop faciles, la réalisation est plutôt réussie. Certains plans sont même d'une beauté stupéfiante, d'autres d'une ingéniosité remarquable. On sent une caméra à la fois ambitieuse et pudique, le tout souligner d'une bande originale audacieuse (même si le morceau présent dans la bande d'annonce du film est attendu en vain).

Pour son premier long métrage, Jennifer Devoldere nous offre donc un Jusqu'à toi mitigé, entre beauté de l'image et fragilité presque touchante de la narration. Une comédie romantique trop peu rythmée, qui arrache quelques sourires, mais qui a surtout l'avantage d'innover face aux autres films français du genre.

mardi 9 février 2010

L'INSTANT M

"TETRO", COPPOLA ET LES AUTRES


Quand on parle de Coppola, on pense bien entendu aux chef d'oeuvres dont il est l'auteur (Le Parrain, Apocalypse Now ou encore Rusty James, pour ne pas les citer), mais aussi à ses derniers films qui ont, eux, moins convaincu le public et la critique. L'annonce d'un nouveau projet avec Vincent Gallo (acteur autant adulé que détesté) sonnait donc pour les fans comme une promesse de retour triomphant, d'autant plus que le cinéaste déclarait vouloir revenir aux sources. Tout cela ne présageait donc que du bon.

Sauf qu'en sortant de la salle de cinéma, Tetro semble à la fois respecter le contrat et déborder un peu du sujet. L'histoire est présentée comme quasi-autobiographique par Coppola lui-même (déclarant y parler de sa relation avec son propre frère) et traite d'un sujet qui lui est apparemment cher, la famille. Benjamin débarque chez son frère aîné, Angelo, qui s'est exilé en Amérique du Sud depuis une dizaine d'années, coupant les ponts avec sa famille. Ce dernier semble désormais vivre une vie paisible, se fait appeler Tetro, et tente par tout les moyens de se détacher son passé. Sur le papier, le scénario est prometteur. La première heure du film laisse traîner les choses, ne révélant que peu à peu un malaise profond entre les deux frères, et le twist final reste surprenant. Cependant, à force de mystères et non-dits, on a parfois un peu de mal à s'y retrouver, et certaines des dernières scènes peuvent paraître inutiles car trop peu exploitées.

Pourtant, on ne peut s'empêcher de saluer la réalisation du film. Si certains lui ont trouvé aspect un peu vieillot, le noir et blanc est pourtant magnifique, et semble parfaitement logique. Coppola fait la part belle à des plans fixes qui rendent certainement hommage à ceux des films américains des années 50. Le réalisateur semble vampiriser toute sorte d'univers (celui d'Almodovar en tête), et nous livre donc un film hybride, sur le fil, presque inclassable, à l'image de son acteur principal. Vincent Gallo, figure emblématique du cinéma underground des années 80, nous livre un Tetro torturé, instable, perdu entre deux mondes. Une performance d'acteur qui renvoie au placard les jeunes minets qui font la joie des studios hollywoodiens. Coppola cherche à reprendre son indépendance, à se sortir d'un cadre qu'il avait lui-même contribuer à construire.

Même si le scénario reste un peu confus, Tetro n'en reste pas moins un grand film, qui sonne à la fois comme un renouveau et un testament cinématographique remarquable.

dimanche 31 janvier 2010

BORED TO DEATH

Dernier coup de coeur série, Bored to Death.

Jonathan, écrivain raté accro à l'alcool et à l'herbe, se fait larguer par sa petite amie, et décide de se lancer comme détective privé en mettant une petite annonce sur un site Internet. Mais ses clients sont tous aussi déjantés que lui...

Avec une réalisation plus proche du ciné indépendant américain que d'un format TV, la série est à l'image de son acteur principal, Jason Schwartzman. Classe, drôle et un brin absurde. La BO est soignée et l'humour efficace.

Si vous vous ennuyez devant votre petit écran, rendez-vous sur le net, Bored to Death n'étant pas encore programmé sur une chaine française...

samedi 30 janvier 2010

CLERMONT FAIT SON FESTIVAL


Le 32éme Festival International du Court Métrage de Clermont Ferrand a débuté vendredi dernier. Munie de mon pass et du programme, je m'en vais donc occuper les salles obscures entre deux cours.

Comme d'habitude, on retrouve les différentes catégories (National, International, Labo, etc), avec en prime cette année un focus "morts vivants" et une rétrospective des courts grecs.

Pour ma part, le festival commence demain soir, avec le DB2. J'ai hate.

Pour le programme et d'autres infos, c'est par ici : http://www.clermont-filmfest.com

L'INSTANT M

SFAR ET GAINSBOURG, HEROIQUES





Le pari de Joann Sfar est franchement osé. Dessinateur de BD, il choisi pour sa première expérience au cinéma de réaliser un biopic. Et pas n'importe lequel : celui de Serge Gainsbourg, icône provoc' et poétique de la chanson française. Sfar s'attaque donc à un monument, et prend le risque de s'attirer les foudres de la France entière. Ajoutons à cela la multitude de films qui s'emparent, avec plus ou moins de réussite, des icônes populaires, et Gainsbourg – vie héroïque semblait déjà mort et enterré.

Mais voilà, Sfar n'est pas un cinéaste comme les autres, et sa vision de Gainsbourg dépasse largement le point de vue strictement biographique. Ceux qui, en regardant la bande d'annonce, s'attendaient à une représentation rigoureuse et sans saveur de la vie de l'Homme à tête de choux ont de quoi être déçus. Le réalisateur a en effet rigoureusement préservé tout l'intérêt de son film, ne dévoilant dans les différents teasers au fil des mois que les images que voulaient voir les spectateurs. Même si l'on retrouve les incontournables anecdotes qui ont forgé le mythe Gainsbourg, elles sont traitées avec une certaine distance qui leur donne une nouvelle dimension.

Le choix de désigner Gainsbourg – vie héroïque sous l'appellation de «conte» est peut-être le seul indice laissé par Sfar à propos de son parti-prix de mise en scène. Il intègre à l'univers déjà bien rempli de l'auteur-compositeur-interprète français un peu de son univers graphique, donnant au film un surréalisme et une poésie surprenante, sans être omniprésente, peut-être même un peu trop laissée de côté au fur et à mesure. Cette esthétique si personnelle est une véritable réussite, et sûrement ce qui manque aux autres biopics sortis ces derniers mois sur nos écrans.

Les personnages incontournables de la vie de Gainsbourg sont bien entendu intégrés à l'histoire, de façon plus ou moins exploitée (France Galle et Juliette Gréco ne sont là que pour le clin d'oeil), et parfois avec un certain manque de finesse (Casta prenant le parlé «haché» de Bardot, un peu trop...). Mais Sfar semble avoir prit un plaisir fou à chercher les perles rares pour incarner ces icônes et les acteurs ne disparaissent pas totalement sous ces personnalités connues de tous, Lucy Gordon en tête. Quant à Eric Elmosnino, s'attaquer à l'immense Gainsbarre ne devait pas être chose facile, et il s'en tire avec brio, captant mimiques et postures sans tirer vers la caricature.

Sfar évite donc les erreurs de ses confrères, ne cherchant pas à donner au public ce qu'il attend, et réinventant le mythe Gainsbourg sans le dénaturer. Malgré un rythme qui a tendance à perdre de son dynamisme en cours de route, ce film est une réussite.

PIXAR, TOUT "LA HAUT"


"Là-haut" a été le premier film d'animation à faire l'ouverture du Festival de Cannes, et a enchanté la croisette. Il sort ce mois-ci en DVD.

Chaque nouveau projet des studios Pixar est un véritable événement, autant pour le public que pour la critique. En effet, ils reignent sur le monde du film d'animation comme valeur sûre d'origanlité et de qualité, face aux trop pâles dernières productions de Disney et à Dreamworks qui tourne franchement en rond avec la franchise Shrek. Ultime affirmation en dâte de la suppériorité de Pixar, le choix d'ouvrir le prestigieux et exigeant Festival de Cannes par "Là-Haut", petit dernier des réalisateurs Pete Docter et Bob Peterson. Après un passage en salle remarqué et remarquable (qui lui vaut une nomination pour le Golden Globe du meilleur film d'animation cette année), le film débarque en DVD, donnant l'occasion à ceux qui l'auraient manqué en salle de voyager depuis leur salon.

"Là-Haut" s'ouvre sur une sorte de prologue (qui fait évidemment penser aux courts métrages des studios, devenus aujourd'hui cultes), révélant l'enfance et la jeunesse de Carl Fredricksen, vieil homme bougon et n'aspirant qu'à quitter la ville pour réaliser le rêve de sa femme décédée. A première vue, le film ne semble pas vraiment destiné au public habituel des «dessins animés». Il faut attendre le départ de Carl dans son ultime aventure pour retrouver un ton plus léger, s'adressant autant aux petits qu'aux plus grands. L'histoire est donc à la fois touchante et efficace, toujours empreinte d'une poésie et d'une originalité bluffantes pour une production d'une telle ampleur. Chez Pixar, grand public ne signifie donc pas forcément asseptisation.

Les images sont superbes, la réalisation étonne par son audace. On se laisse embarquer dans un scénario bien conçu et très fourni, peuplé de personnages attachants et réellement détachés des clichés du genre. On se demande même où Docter et Peterson pyuisent leur intarissable imagination, très éloignée du manichéisme du monde de Mickey. L'humour est certes parfois facile, mais on rit de bon coeur aux péripéties des deux héros, délicieusement décalés.

Pixar marque donc un point supplémentaire avec ce dernier film, à la fois poétique et drôle, bien loin des sentiers battus et rebattus des autres productions d'animation.

CAMERON ET SON AVATAR


Le nouveau film de James Cameron était le plus attendu de cette fin d'année. Prometant une révolution visuelle époustouflante, le réalisateur de Titanic a t-il tenu ses engagements ?

Jake Sully, ex-marine cloué à son fauteuil roulant, est envoyé sur la planête Pandora suite au décés de son frère jumeau. Ce dernier, as de la physique, travaillait sur le programme «Avatar», sorte d'hybrides télécommandés mélant l'ADN d'humains et celui de la population locale, les Na'vi. A travers son avatar, Jack découvre une planête étrange, convoitée pour un nouveau minerai très recherché... En lisant le résumé du nouveau Cameron, Titanic semble très loin derrière nous.

Une planète aux graphismes très jeu vidéo, des plans rendant plus ou moins consciemment hommage à «Star Wars», certains détails semblant tout droit sortir de la trilogie «Matrix», et bien entendu la présence de l'icône Sigourney Weaver, les références science-fiction sont parfaitement perceptibles. L'univers est travaillé, fourni, et largement déclinable sur de nombreux supports parallèles. Les effets spéciaux sont époustouflants, à la fois fantastiques et très vraissemblants, et «Avatar» est indégnablement un film à voir au cinéma (le film étant, dans certaines salles, projeté en 3D). Cameron est donc assuré de toucher un public jeune ou moins jeune, amateurs de jeux de rôles en tout genre et de grand spectacle en salle.

Malheureusement, si l'image est surprenante, la trame narrative l'est beaucoup moins. Le film joue sur (l'inépuissable ?) opposition entre technologie et nature, millitaires sans morale et guerriers courageux, méchants assoiffés d'argent et gentils indigènes désinteressés. Chacun des axes de l'histoire sont prévisibles, car éternellement réutilisés dans la plupart des scénarios d'Hollywood. Mais ce manque d'originalité semble surtout destiné à donner un point d'appui rationnel et inébranlable au spectateur, au cas où il se perdrait dans la jungle visuelle de Pandora.

«Avatar» n'en reste pas moins un film efficace, contenant tous les ingrédients pour ne pas déplaire à unlarge public, de l'histoire d'amour (presque) impossible au héros choisissant le bon camp au bon moment, en passant par une dimension spirituelle presque chamanique et des scènes d'actions bien menées.

LE (NOUVEAU) MONDE DE TERRENCE MALICKPartager


En un peu plus de trente ans, Terrence Malick nous a livré seulement quatre films, mais tous d'une maîtrise quasi-parfaite. Son dernier en date, "Le Nouveau Monde", retrace la très revue et corrigée histoire de Pocahontas.

On le savait déjà, Malick est autant philosophe que réalisateur. En choisissant de mettre en scène la véritable vie de Rebecca Rolfe (princesse amérindienne s'étant mariée à un anglais dans les années 1610) le réalisateur de La Ligne Rouge trouve une nouvelle fois l'opportunité de développer son sujet favoris : celui de la confrontation entre des hommes ambitieux et une Nature paisible. L'histoire de l'arrivée des colons dans le Nouveau Monde est celle de la civilisation face à la simplicité d'une vie presque sauvage, et l'intégralité du film est construite sur la dualité entre ces cultures.

On retrouve bien entendu les aspects récurents des films de Malick : voix off aux réflections métaphysiques, longs plans sur une Nature toujours en mouvement, décalage entre fantasme et réalité des personnages. La part faite à la musique est toujours aussi importante, celle-ci apparaissant parfois si justement qu'on en oublierait presque qu'elle n'est qu'artifice. Le réalisateur a d'ailleurs donné une place très importante au son, avec parfois un travail de reconstitution frolant le perfectionnisme (certains chants d'oiseaux de l'époque ont été recréé de toute pièce).

Quant à la réalisation, elle est comme toujours très maitrisée. Chaque plan, chaque mouvement de caméra porte un élément de sens, qui, imbriqués les uns aux autres, forment le propos général du film : la pureté et la fluidité des images du Nouveau Monde s'opposent aux cadres symétriques et aux couleurs charboneuses de l'Angleterre. Les relations entre les personnages sont sublimées par la caméra et les voix off, réflexions à la fois personnelles et universelles sur l'amour ou la recherche de soi. Si le mariage de Rebecca (la sublime Q'orianka Kilcher) et John Rolfe (Christian Bale) semble rapidement traité, l'histoire très souvent romancés de John Smith (Colin Farrell, d'une justesse remarquable) et la jeune amérindienne est racontée pudiquement, sans trop en faire.

Souvent désigné comme l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération, Terrence Malick a donc fait de son dernier une fable humaniste, d'une beauté époustouflante. En espérant que l'attente jusqu'à son prochain chef d'oeuvre sera moins longue que d'habitude.

L'APOCALYSPE SELON EMMERICH


2012 est sans conteste l'évènement de cette fin d'année. Habitué aux films catastrophes, le réalisateur Roland Emmerich nous plonge une nouvelle fois dans son univers apocalyptique.

On le sait, Roland Emmerich semble prendre un malin plaisir à détruire le monde. Après Independance Day (où les extraterrestres menacaient la Terre) et Le Jour d'Après (explorant les conséquences apocalyptiques du réchauffement climatique), le réalisateur allemand revient sur nos écrans avec un film inspiré d'une ancienne prophétie maya annonçant la fin du monde pour le 21 décembre 2012. Promettant du jamais vu et précédé d'une excelente promo, 2012 était donc attendu comme le film incontournable de cette fin d'année.

Pour ce qui est de l'exploitation du genre «film catastrophe», Emmerich est incontestablement l'un des meilleurs dans sa catégorie. Les effets spéciaux sont particulièrement réussis, et il est parfois difficile de déméler le vrai du faux. Comme à son habitude, le réalisateur donne aux spectateurs toutes les clés (ou presque) pour rendre son histoire réaliste, ancrant les évènements dans un avenir proche (le président des Etats Unis, qui devait être à l'origine une femme, est joué par Danny Glover, et l'on apperçoit même un gouverneur de Californie très proche de Shwarzi).

Malheureusement, Emmerich s'obstine à vouloir raconter davantage que la destruction de notre planête. Comme c'était déjà le cas dans Le Jour d'Après, le réalisateur choisi de mettre en scène des individus face à l'apocalypse. Le schéma est le même : des parents divorsés, un père absorbé par son travail et rejeté par son fils... Si ce portrait de famille reste supportable en début de film, notamment par le jeu toujours aussi spontané de John Cusack, et la superbe performance de Woody Harrelson dans le rôle du déjanté Charlie, on s'enfonce très vite dans les clichés hollywoodiens habituels, à coup de discours humanistes et de musique larmoyante. Certains passages frolent même le ridicule par leur manque évident de logique (les caméras de surveillance qui se trouvent exactement où l'on en a besoin...).

Pourtant, l'ensemble forme un film efficace, étonnament sans longueurs malgré ses 2h40. Roland Emmerich nous offre une nouvelle fois du grand spectacle, à voir en salle plutôt que dans son salon. Mais espérons qu'il a enfin fait le tour des différentes manières de détruire la planète.

THIS IS HIM


4 mois après la mort du King of Pop, Micheal Jackson's This Is It était sorti sur nos écrans mendois pour une semaine seulement. Hommage postume ou opération marketing ?

Avril 2009. Michael Jackson finalise ses prochains concerts londoniens, qui doivent marquer à la fois son grand retour sur scène et ses adieux au public. Kenny Ortega (réalisateur du succés High School Musical et chorégraphe) est là pour filmer les répétitions, des auditions des danseurs au discours d'encouragement final.

Destinées au départ à être projetées durant le concert ou utilisées comme bonus dans un éventuel futur DVD, ces 1h52 d'images inédites trouvent un écho particulier après la mort du Roi de la pop. Les caméras de Kenny Ortega ont en effet capturé les derniers instants de Michael Jackson sur scène, et les quelques extraits diffusés sur les chaines de TV ont attiré la curiosité des spectateurs. Le projet de sortir l'intégralité en salle devient très vite réalité, le tout pour une durée de 15 jours seulement, obligeant donc les spectateurs à réserver leurs places sur Internet. Et ça marche : mercredi dernier, des dizaines de fans passent la nuit devant le Grand Rex pour assister à la première séance française. Et le phénomène est le même partout dans le monde : Londres, New-York, Tokyo... Le succés est au rendez-vous. Le film est même premier au box-office français après une semaine d'exploitation, loin devant le dernier Jean-Pierre Jeunet. Après des ventes de disques spectaculaires, le Roi de la pop s'attaque maintenant au cinéma.

This Is It n'est pas un film. Ce n'est pas non plus un éniéme documentaire sur le phénomène musical. Malgré un montage très réussi, les images d'Ortega souffrent de formats inégaux (certaines semblent même sortir tout droit de Youtube), et d'un inévitable aspect répétitif. Certes, Michael Jackson reste tout simplement impressionant de dynamisme, mais on nous montre également l'homme exigeant, tenant entre ses seules mains la direction des répétitions. This Is It peut sonner comme un hommage destiné à laisser de Jackson une image d'artiste de talent, maitrisant à la perfection sa musique. Pourtant, on lit un peu partout qu'il n'aurait pas autorisé de son vivant l'exploitation du film, et pour cause : au delà de l'éloge post-mortem, on ne peut s'empêcher de voir ici un nouveau filon pour exploiter le phénomène. Depuis sa mort, le chanteur est devenu une véritable machine à vendre, et la courte diffusion du film en salle prouve a elle seule l'aspect commercial de l'opération. Le côté parfois brouillon de la structure de This Is It le démontre également : les séquences de répétitions sont entrecoupées de rapides entretiens avec les danseurs, musiciens et chorégraphes de Jackson, qui ne sont là que pour permettre au spectateur de souffler. Quant à l'image finale (un arrêt sur image sur lequel s'inscrit un « Michael Jackson – L'amour est éternel » qui frise le ridicule), elle clot maladroitement le tout.

Même si le film finit d'installer Jackson dans son incontestable statut de King of Pop, This Is It ressemble d'avantage à une vraie bonne opération marketing qu'à un honnête dernier

(IN)GLORIOUS QUENTIN


Depuis le succès "Kill Bill" et le bide commercial de "Death Proof", on attendait Quentin Tarantino au tournant. Or, le projet "Inglorious Basterds" sonne comme un renouveau, ou plutôt un retour aux sources !





Il était une fois... une France occupée par les nazis. En 1941, Shosanna Dreyfus (Mélanie Laurent), jeune juive, assiste au massacre de sa famille par le machiavélique colonel Hans Landa (Christoph Waltz). Quelques années plus tard, son chemin va croiser celui des Inglorious Basterds, scalpeurs de nazis, emmenés par le lieutenant Aldo Raine (Brad Pitt).

Décevant à Cannes, le film a dû être remonté avant sa sortie définitive en salle. Et le résultat est à la hauteur des espérances : Tarantino revient à son emblématique narration en chapitres, nous dévoilant petit à petit son Histoire, où chaque personnage, même le plus secondaire (on pense notamment aux excellents basterds campés par Eli Roth, Til Schweiger ou encore Gedeon Burkhard) a un rôle à jouer.

Le réalisateur manie la caméra de façon magistrale, jouant comme il sait si bien le faire avec le rythme de son film. La musique est sublime, omniprésente sans se faire oppressante.

Quant au casting, réunissant un Brad Pitt méconnaissable et une Mélanie Laurent magnifiée par la caméra, il est surtout emmené par l’excellent Christoph Waltz, prix d’interprétation à Cannes pour son rôle de terrifiant colonel nazi.

Bien au-dessus de la pseudo-polémique l’accusant de réécrire une Histoire encore trop récente, Tarantino nous offre un grand film, à la fois audacieux et très soigné. On retrouve avec grand plaisir le réalisateur du cultissime Pulp Fiction, acide et brillant.

(1h30) ENSEMBLE


Depuis que je suis tombée sur la bande d'annonce et quelques critiques de "(500) jours ensemble", je rêvais de le voir. Il faut dire, le comparer avec "Garden State" et "High Fidelity"... Il n'en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité.

500 jours en 1h30. Un condensé donc. Mais un excelent condensé. Tom, employé de bureau et architecte raté, croit en l'Amour avec un grand A depuis qu'il a rencontré les chansons pop et Le Lauréat. Summer ne croit pas à l'amour, même avec un petit a, depuis qu'elle a croisé le divorse et son incapacité à tomber amoureuse. Les deux se rencontrent, "s'aiment" et se séparent.

Mais attention, comme dit dés le départ du film, ce n'est pas une histoire d'amour. C'est juste celle d'un garçon et d'une fille. Celle de Tom, idéaliste maladroit. Celle de Summer, réaliste paumée. Même si on s'attache d'avantage à lui qu'à elle, tout les personnages, même les seconds rôles, sont parfaits. Drôles, décalés, touchants, profonds, sans niaiserie.

Exploitant parfaitement son procédé naratif, ce film est bourré de références au cinéma, à la musique, à la littérature, sans être uniquement adressé à un public d'intelletuels. Les passages en noirs et blancs façon vieux films français, la séquence "comédie musicale", et la BO A TOMBER PAR TERRE... Ce film est un petit bijou. Des images parfaites, des acteurs parfaits, une histoire parfaite jusqu'au bout.

A donc se procurer d'urgence. Personnellement, il est directement entré dans le top 5 de mes films de légende.