samedi 30 janvier 2010
LE (NOUVEAU) MONDE DE TERRENCE MALICKPartager
En un peu plus de trente ans, Terrence Malick nous a livré seulement quatre films, mais tous d'une maîtrise quasi-parfaite. Son dernier en date, "Le Nouveau Monde", retrace la très revue et corrigée histoire de Pocahontas.
On le savait déjà, Malick est autant philosophe que réalisateur. En choisissant de mettre en scène la véritable vie de Rebecca Rolfe (princesse amérindienne s'étant mariée à un anglais dans les années 1610) le réalisateur de La Ligne Rouge trouve une nouvelle fois l'opportunité de développer son sujet favoris : celui de la confrontation entre des hommes ambitieux et une Nature paisible. L'histoire de l'arrivée des colons dans le Nouveau Monde est celle de la civilisation face à la simplicité d'une vie presque sauvage, et l'intégralité du film est construite sur la dualité entre ces cultures.
On retrouve bien entendu les aspects récurents des films de Malick : voix off aux réflections métaphysiques, longs plans sur une Nature toujours en mouvement, décalage entre fantasme et réalité des personnages. La part faite à la musique est toujours aussi importante, celle-ci apparaissant parfois si justement qu'on en oublierait presque qu'elle n'est qu'artifice. Le réalisateur a d'ailleurs donné une place très importante au son, avec parfois un travail de reconstitution frolant le perfectionnisme (certains chants d'oiseaux de l'époque ont été recréé de toute pièce).
Quant à la réalisation, elle est comme toujours très maitrisée. Chaque plan, chaque mouvement de caméra porte un élément de sens, qui, imbriqués les uns aux autres, forment le propos général du film : la pureté et la fluidité des images du Nouveau Monde s'opposent aux cadres symétriques et aux couleurs charboneuses de l'Angleterre. Les relations entre les personnages sont sublimées par la caméra et les voix off, réflexions à la fois personnelles et universelles sur l'amour ou la recherche de soi. Si le mariage de Rebecca (la sublime Q'orianka Kilcher) et John Rolfe (Christian Bale) semble rapidement traité, l'histoire très souvent romancés de John Smith (Colin Farrell, d'une justesse remarquable) et la jeune amérindienne est racontée pudiquement, sans trop en faire.
Souvent désigné comme l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération, Terrence Malick a donc fait de son dernier une fable humaniste, d'une beauté époustouflante. En espérant que l'attente jusqu'à son prochain chef d'oeuvre sera moins longue que d'habitude.
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