mardi 9 février 2010

"TETRO", COPPOLA ET LES AUTRES


Quand on parle de Coppola, on pense bien entendu aux chef d'oeuvres dont il est l'auteur (Le Parrain, Apocalypse Now ou encore Rusty James, pour ne pas les citer), mais aussi à ses derniers films qui ont, eux, moins convaincu le public et la critique. L'annonce d'un nouveau projet avec Vincent Gallo (acteur autant adulé que détesté) sonnait donc pour les fans comme une promesse de retour triomphant, d'autant plus que le cinéaste déclarait vouloir revenir aux sources. Tout cela ne présageait donc que du bon.

Sauf qu'en sortant de la salle de cinéma, Tetro semble à la fois respecter le contrat et déborder un peu du sujet. L'histoire est présentée comme quasi-autobiographique par Coppola lui-même (déclarant y parler de sa relation avec son propre frère) et traite d'un sujet qui lui est apparemment cher, la famille. Benjamin débarque chez son frère aîné, Angelo, qui s'est exilé en Amérique du Sud depuis une dizaine d'années, coupant les ponts avec sa famille. Ce dernier semble désormais vivre une vie paisible, se fait appeler Tetro, et tente par tout les moyens de se détacher son passé. Sur le papier, le scénario est prometteur. La première heure du film laisse traîner les choses, ne révélant que peu à peu un malaise profond entre les deux frères, et le twist final reste surprenant. Cependant, à force de mystères et non-dits, on a parfois un peu de mal à s'y retrouver, et certaines des dernières scènes peuvent paraître inutiles car trop peu exploitées.

Pourtant, on ne peut s'empêcher de saluer la réalisation du film. Si certains lui ont trouvé aspect un peu vieillot, le noir et blanc est pourtant magnifique, et semble parfaitement logique. Coppola fait la part belle à des plans fixes qui rendent certainement hommage à ceux des films américains des années 50. Le réalisateur semble vampiriser toute sorte d'univers (celui d'Almodovar en tête), et nous livre donc un film hybride, sur le fil, presque inclassable, à l'image de son acteur principal. Vincent Gallo, figure emblématique du cinéma underground des années 80, nous livre un Tetro torturé, instable, perdu entre deux mondes. Une performance d'acteur qui renvoie au placard les jeunes minets qui font la joie des studios hollywoodiens. Coppola cherche à reprendre son indépendance, à se sortir d'un cadre qu'il avait lui-même contribuer à construire.

Même si le scénario reste un peu confus, Tetro n'en reste pas moins un grand film, qui sonne à la fois comme un renouveau et un testament cinématographique remarquable.

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